Enregistré le mercredi 3 septembre 2025
Découvrez comment un gant robotisé, combiné à la réalité virtuelle non immersive, peut soutenir la récupération fonctionnelle de la main après un AVC. Développée en collaboration avec des cliniciens et testée auprès d’usagers, cette technologie vise une intégration simple et réaliste en contexte clinique, sans alourdir la charge des intervenants.
Camille E. Proulx, Ph. D.
Chercheuse postdoctorale à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL)
Spécialisée en neurosciences translationnelles, Camille met à profit sa formation en ergothérapie (B.Sc.), ainsi que sa maîtrise et son doctorat en sciences de la réadaptation (Université de Montréal) pour intégrer les neurotechnologies aux soins post-AVC.
Forte d’un parcours alliant recherche préclinique et clinique, de Montréal à Lausanne, elle développe une expertise axée sur un objectif central : transférer les avancées scientifiques en solutions concrètes et accessibles pour la réadaptation en contexte réel.
Lauréate du prix Engagement du REPAR 2024, Camille Proulx a été reconnue pour sa créativité et son leadership, autant dans ses projets scientifiques que dans ses initiatives sociales et professionnelles. Ce prix souligne l’impact de ses actions au-delà de son milieu de recherche, pour le rayonnement et le développement de la réadaptation dans notre société.
Elle mène ses travaux au sein du CRIR et de l’IURDPM, sous la supervision de Dany H. Gagnon, pht., Ph. D., et Johanne Higgins, erg., Ph. D.
En s’appuyant sur les meilleures pratiques canadiennes en réadaptation après un accident vasculaire cérébral (AVC), Camille E. Proulx explore une question centrale : comment rendre la thérapie plus intensive, plus engageante et plus accessible ?
Les lignes directrices recommandent de débuter tôt la réadaptation, de favoriser la répétition massive de mouvements et d’utiliser des approches actives et multimodales.
C’est dans cet esprit qu’elle a développé une intervention novatrice combinant gant robotisé souple et environnement de réalité virtuelle non immersive, destinée à soutenir la récupération sensorimotrice de la main.
Dans les milieux cliniques, le temps thérapeutique est souvent limité, ce qui limite la quantité d’exercices réalisés. Le gant robotisé permet aux personnes post-AVC d’effectuer des centaines de mouvements fonctionnels en dehors du temps de thérapie conventionnelle, tout en maintenant un haut niveau de motivation. L’objectif : multiplier les répétitions, maintenir l’engagement et renforcer la connexion cerveau-main.
« L’idée était de concevoir un dispositif accessible et sécuritaire, permettant de pratiquer intensivement sans supervision constante, » explique Camille E. Proulx.
Ses travaux s’appuient sur plusieurs revues de littérature en neuro-réadaptation :
Ainsi, l’association du gant robotisé et de la réalité virtuelle constitue une intervention multimodale, scientifiquement fondée, pour améliorer la récupération fonctionnelle de la main après un AVC.
Le projet s’est déployé en suivant les étapes 2 à 5 du modèle de maturité technologique (TRL), en intégrant notamment les études suivantes :
Aucun effet indésirable n’a été rapporté et les utilisateurs ont jugé l’entraînement motivant, simple et efficace.
Ces résultats démontrent que la pratique autonome est possible et sécuritaire, après une brève phase d’apprentissage. Elle pourrait permettre aux cliniciens de recentrer leur rôle sur la supervision et l’ajustement du programme, tout en donnant aux usagers un pouvoir d’agir accru sur leur réadaptation. Pour les milieux de soins, cela ouvre la voie à une organisation plus flexible, combinant séances guidées et entraînement individuel.
En conclusion, Camille E. Proulx attire l’attention sur les défis entourant l’intégration rapide des technologies de réadaptation. De nombreux gants robotisés sont déjà disponibles commercialement, mais peu ont été validés scientifiquement. Elle appelle donc à une vigilance partagée :
« Comment garantir la sécurité et l’efficacité des technologies qu’on intègre ? Quels rôles respectifs pour les chercheurs, cliniciens et gestionnaires dans les décisions d’achat et d’utilisation ? »
Ces questions invitent à réfléchir à une transition responsable entre recherche et pratique, où l’innovation demeure au service des patients, sans compromettre la rigueur scientifique.
Le projet de Camille E. Proulx illustre la valeur d’un écosystème de recherche translationnelle :
Cette approche collaborative est la clé pour rapprocher la recherche de la pratique et offrir aux personnes post-AVC des interventions toujours plus efficaces, humaines et motivantes.